Les troubles du neurodéveloppement

L’univers du neurodéveloppement chez les enfants peut être complexe, parsemé de diversités et de défis uniques. Alors que chaque enfant est un individu singulier, certains rencontrent des obstacles particuliers dans leur croissance neurologique. Les troubles du neurodéveloppement englobent une gamme variée de conditions, affectant le cerveau et le système nerveux de manière significative.

Entretien avec le Docteur Sabine Carrier, Médecin Généraliste, ancien médecin de PMI et médecin Education Nationale, pour vous donner quelques billes pour aborder le sujet avec plus de sérénité.

Qu'est-ce qu'un trouble du neurodéveloppement ?

Un trouble du neurodéveloppement se caractérise par une perturbation du développement cognitif et affectif de l’enfant, entraînant un retentissement important sur le fonctionnement adaptatif scolaire, familial et social.

On regroupe dans le terme « trouble du neurodéveloppement » :

  • Les déficiences intellectuelles
  • Les troubles du spectre autistique
  • Les troubles spécifiques des apprentissages
  • Les troubles moteurs
  • Les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité

Nous nous intéressons aujourd’hui aux troubles spécifiques des apprentissages ;

On distingue :

  • Les troubles du langage oral (TLO ou dysphasie)
  • Les troubles du développement de la coordination (TDC ou dyspraxie)
  • Le trouble du déficit d’attention avec hyperactivité (TDA-H)
  • Les troubles spécifiques des apprentissages scolaires (trouble du langage écrit ou dyslexie, et du calcul ou dyscalculie)

Les enfants ont parfois plusieurs troubles associés, on parle de « multidys ».

Ils peuvent avoir aussi associés :

  • Des troubles sensoriels (surdité, basse vision)
  • Des troubles du sommeil et/ou de l’alimentation
  • Un retentissement psychologique.

Comment poser le diagnostic d'un trouble du neurodéveloppement ?

5 à 10 % des enfants sont concernés.

L’enfant présente généralement un décalage dans certaines acquisitions (locomotion, langage, interaction sociale, motricité fine). Ce décalage perdure à un âge inhabituel, les symptômes associés peuvent avoir un caractère envahissant.

Dans 85 % des cas, les parents sont les premiers à se rendre compte d’un problème chez leur enfant. Les professionnels de santé ne doivent pas remettre en cause les capacités d’observation des parents, ni banaliser le doute.

Cela peut être également l’école qui signale le décalage ou la différence de l’enfant par rapport à sa tranche d’âge, etc.

Il existe des grilles de repérage en fonction de l’âge, développées dans le cadre de la stratégie nationale autisme/troubles du neurodéveloppement 2018/2022. Cet outil facile d’utilisation et utilisable par des professionnels de santé est décliné pour différents âges (6, 12, 18 mois puis de 2 à 6 ans).

Le médecin généraliste, le pédiatre ou le médecin scolaire va se servir de cet outil qui lui permet de repérer rapidement des signes d’alerte et, si nécessaire, d’adresser l’enfant à une plateforme de coordination et d’orientation (PCO), tout en tenant compte bien sûr de l’environnement (barrière de la langue, précarisation des familles, insécurité affective, etc.).

Ces PCO permettent une prise en charge par la sécurité sociale des bilans d’évaluation en libéral et des interventions sur 12 à 18 mois (orthophonie, orthoptie, psychomotricité, ergothérapie). Il faut bien définir comment l’enfant fonctionne dans ses différentes dimensions (affective, capacité de langage oral et écrit, concentration, régulation émotionnelle, etc.). Il faut toujours rechercher les troubles sensoriels associés par un bilan ORL et ophtalmologique.

Quelle est la prise en charge de ces enfants à besoins particuliers ?

Après la démarche diagnostique coordonnée par les PCO, une prise en charge pluridisciplinaire est souvent nécessaire :

  • soit par des professionnels libéraux (réseaux libéraux qui se mettent progressivement en place)
  • soit par des équipes pluridisciplinaires : CAMSP (centre d’action médico-sociale précoce), centres médicaux psychologiques (CMPP), services d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD).

Ces soins doivent être dans la durée, sans rupture, en partenariat avec les parents et être réévalués régulièrement. La place des médicaments existe, comme le méthylphénidate (Ritaline*, Concerta*, Quazym*…). Ce médicament peut transformer la vie d’un enfant de plus de 6 ans atteint d’un TDA-H, quand l’indication est bien posée.

En conclusion :

Pour tout enfant, l’enjeu est qu’il progresse. Une majorité d’entre eux vont devoir vivre avec leurs troubles, s’adapter, s’ajuster. Les interventions sont là pour accompagner l’enfant à développer ses compétences mais ne pas faire miroiter aux parents une « normalisation », rarement observée.

En espérant que cet article vous sera utile, nous vous souhaitons une belle journée et vous donnons rendez-vous très bientôt avec un nouvel article sur www.lespetitesfamilles.fr/LePetitBlog.

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