La collectivité, outil de socialisation des plus petits
Ça y est, il va falloir reprendre le travail… Quelques larmes seront peut-être au rendez-vous, car c’est l’heure de laisser votre bébé à la crèche … Même si cela peut être une étape difficile pour certaines d'entre vous, c’est aussi une nouvelle aventure qui commence ! De votre côté, vous allez pouvoir recommencer à prendre un peu plus soin de vous, et de son côté, votre petit bout va commencer à découvrir l'extraordinaire expérience de la vie en société… Bon ok, il ne va pas serrer des mains tout de suite mais quand même, c'est une première étape ;).
Avant tout, et pour éviter tout sentiment de culpabilité si vous souhaitiez une place en collectivité et que vous n’en avez pas eu, gardez en tête que, si elle est sans nul doute un levier pour permettre à votre enfant d’apprendre et d’intérioriser les normes et valeurs de la vie en société, la crèche n’est pas le seul outil pour le faire ! Le 1er outil de « socialisation » d’un enfant reste avant tout les interactions qu’il aura avec vous, ses parents. C’est grâce à vous qu’il apprendra à communiquer avec les autres. Par ailleurs, le processus de socialisation d’un enfant ne se fait pas en un clin d’œil. Un enfant a le sentiment d’exister vraiment par rapport à d’autres enfants à partir de 8 mois, et les bases de la socialisation sont jugées comme « acquises » à partir de 2 ans uniquement[1]. Si vous n’avez pas de place en crèche, ce n’est pas pour autant que votre enfant sera « associable » et n’ira pas vers les autres le jour de son entrée à l’école. Vous aurez le temps et l’opportunité de lui faire découvrir la collectivité avant l’école, et par ailleurs, il existe d’autres moyens que la crèche : les enfants avec qui il joue au parc, les « cousinades », les échanges avec les enfants de vos amis, voisins, etc. Les relais de socialisation sont nombreux, rassurez-vous !
[1] Pr Marcel Rufo, Christine Schilte Elever son enfant : Edition 2014, Hachette pratique – Dr Sarah Bursaux, La première année de bébé, c’est malin, Editions Leduc’s, 2014
Dans notre précédent article (Faire garder ses enfants, quel casse-tête), nous vous présentions les avantages et inconvénients de la collectivité. A travers ce nouvel article, nous vous proposons de vous expliquer un peu plus en détail pourquoi la collectivité représente une 1ère marche intéressante de la socialisation de votre enfant. D’après les différentes lectures, études et expériences que nous avons pu faire, il nous semble intéressant de mettre en avant 3 éléments :
1 - La prise de conscience de son "soi"
Si les premiers rudiments d’une prise de conscience du « soi » apparaissent dès la naissance[2], il va cependant falloir plusieurs années pour que votre enfant se construise en tant qu’individu à part entière. De ses 1ers mois (1ers sourires, 1ers gazouillis, etc.) en passant par le 8ème mois (1ères anxiétés liées à la séparation et à la découverte de personnes « nouvelles »), jusqu’à ses 2 ou 3 ans où il dit de façon claire « moi », « je », la construction de l’identité de votre bout de chou est progressive. Jugée comme « acquise » aux environs de 2 – 3 ans, elle se consolidera ensuite entre 3 et 6 ans.
[2] Rochat Philippe, « Conscience de soi et des autres au début de la vie », Enfance, 2003/1 (Vol. 55)
La collectivité, en complément du rôle du parent sur le sujet, va aider l’enfant à se différencier des autres personnes qui l’entourent. En effet, la 1ère étape pour reconnaître un semblable (et démarrer une « relation » avec lui) est de se reconnaître soi-même comme individu à part entière. Le rôle des adultes dans cette prise de conscience de son « soi » par l’enfant est majeure. En interagissant avec lui, en lui portant de l’attention, en lui proposant plusieurs options, nous aidons les bébés à prendre conscience qu’ils existent et se différencient des autres. En premier, l’attention qui lui est portée va lui permettre de se reconnaître au sein de l’environnement familial, puis, à travers la collectivité, au sein d’un groupe plus grand. Grâce à cela, il va pouvoir construire son individualité et prendre conscience de son « soi », séparé de sa maman.
2 - La prise de conscience des "autres"
Un enfant a le sentiment d’exister vraiment par rapport à d’autres enfants qui ont le même âge que lui, seulement à partir de 8 mois[3]. Le mettre dès sa naissance en collectivité n’est donc pas indispensable. En revanche, très rapidement, il a besoin pour son développement et pour faciliter sa socialisation future, d’être au contact d’autres enfants. Une fois entouré d’enfants du même âge que lui, votre enfant va en effet pouvoir constater les différentes réactions face à ses actions. Il va prendre conscience qu’il y a d’autres avis que le sien. S’il veut chiper le jouet de son copain Jules, c’est à l’adulte présent de lui expliquer que son envie n’est pas forcément celle de Jules et que Jules ne pense pas de la même manière que lui.
[3] Pr Marcel Rufo, Christine Schilte Elever son enfant : Edition 2014, Hachette pratique – Dr Sarah Bursaux, La première année de bébé, c’est malin, Editions Leduc’s, 2014
Par ailleurs, en faisant l’expérience d’être écouté et considéré par les adultes qui l’entourent, votre enfant va pouvoir écouter, considérer et prendre en compte les autres. Ces moments d’interactions et de partage sont ainsi indispensables au développement de l’enfant.
3 - La prise de conscience du "groupe"
La crèche offre une multitude d’activités. Développement des capacités motrices, découvertes d’activités différentes de celles de la maison, apprentissage de l’autonomie, etc. … leurs avantages sur l’éveil et le développement des enfants sont nombreux.
En facilitant ces 3 grandes « prises de conscience » de son soi, des autres et du groupe, la collectivité accompagne ainsi votre enfant sur les 1ères marches du long processus de socialisation de l’adulte qu’il sera demain. Et en effet, d’après une étude menée par des chercheurs de l’Inserm de Sorbonne Université & de l’Université de Bordeaux, les enfants gardés en collectivité rencontrent statistiquement moins de difficultés émotionnelles et ont un comportement plus empathique avec les autres enfants.