À l'heure de la positive attitude, peut-on encore DIRE NON ?

Tout d’abord, que disons-nous dans un "Non" ?

Nous signalons notre opposition à un comportement, une parole parce qu’ils représentent le franchissement d’une limite : celle du cadre que nous avons fixé pour l’éducation de nos enfants.

Certains retiendront que le mot non – par essence négatif – est pour cette raison-même peu souhaitable, car ne porte de facto pas en lui le côté positif que doit revêtir notre accompagnement de l’enfant. Soit ! On peut lui préférer effectivement le « stop ».

 

Or, l’essentiel est-il vraiment dans le mot lui-même ou plutôt dans notre intention et le message que nous souhaitons porter à travers lui ?

 

Au-delà du mot donc, intéressons-nous plutôt à son usage et sa portée.

En choisissant une éducation pour nos enfants, en fixant des règles, nous souhaitons donc avancer avec eux suivant certaines valeurs et principes qui nous tiennent à cœur. Aussi, nos décisions et actions de parents doivent-elles être en cohérence avec ce cadre. Il ne s’agit pas d’édicter des consignes en vain, mais de les faire intégrer à nos enfants. Entamer cette démarche c’est vouloir que cela fonctionne petit à petit, œuvrer chaque jour à bon escient.

Le DIRE NON doit en ce sens être efficace à terme.

Alors analysons notre manière de DIRE NON : « Nos nons » sont-ils toujours  à propos, en ce sens correspondent-ils vraiment à ce qu’ils doivent être- le rappel des limites- ou interviennent-ils par habitude ou fatigue ?

Un exemple : notre enfant nous montre un jouet dans une vitrine.

 

Par habitude de ce genre de situation, nous voyons dans sa sollicitation une demande et une volonté de posséder le fameux jouet. DIRE NON  se manifeste immédiatement en réponse à la sollicitation de celui-ci. Or, même si l’expérience nous montre que c’est parfois bien le cas, chaque sollicitation de nos enfants n’est pas toujours la demande que l’on croit. Nous oublions parfois la simplicité de la situation. En nous montrant ce jouet,  l’enfant nous interpelle d’abord et avant tout pour créer un lien avec nous, attirer notre attention et partager avec lui son intérêt : bref ce qu’il vit ici et maintenant.

L’enfant vit dans le moment présent, quand nous, les adultes, sommes déjà dans l’après. Avec nos emplois du temps et nos esprits chargés, nous prévoyons, anticipons, gérons en permanence….et il nous est difficile parfois d’être simplement dans l’instant présent. Or c’est précisément cela qu’ils nous demandent. DIRE NON dans ces circonstances devient effectivement quelque chose de négatif puisque cela peut être perçu comme un refus de communiquer.

Continuons à interroger la démarche sous-jacente au DIRE NON. Sommes-nous toujours cohérents ? N’y a-t-il pas parfois des craintes associées au DIRE NON ? Des craintes qui viendraient du coup fausser notre intention, notre manière de le dire ?

Quelles peuvent être ces craintes ? Celles des réactions à ce DIRE NON.

En effet l’enfant va réagir à son tour et ses réactions peuvent être compliquées à gérer si cela se témoigne par de la colère, de l’énervement ou tout autre décharge négative. Au quotidien, malgré l’importance de l’enjeu, cela s’avère très difficile voire impossible certains jours…..

Mais gardons en tête que cette réaction de l’enfant est immédiate et naturelle. Donc éphémère. Le cadre que nous fixons se veut, lui, pérenne. Il nécessite constance et conviction. Bien sûr nous sommes faillibles, les journées sont souvent trop courtes, nos esprits surchargés ; mais nous devons être convaincus par nos choix et l’expression de ceux-ci, et ainsi prêts à en affronter les répercussions, au nom du  modèle éducatif que nous avons estimé  bon pour eux,  en écho avec nos valeurs et ce que nous sommes.

Dans le DIRE NON et dans le « tenir bon » face à la réaction de nos enfants, nous affirmons notre choix pour eux, nous érigeons les limites, nous donnons du sens et de la cohérence à nos choix.

Alors le stress lié aux conséquences du DIRE NON est bien légitime, mais préparons-nous davantage à accueillir la réaction de nos enfants, à accepter les émotions liées à leur frustration ou volonté d’affirmation. Comment : en les recevant par l’écoute, le réconfort ou la manière que vous jugerez propice et possible. Accueillir sa position ne signifie pas  remettre en cause la vôtre. Puis une fois l’émotion passée, l’immédiat géré, reste le message porté avec le NON et le moment de la discussion.

Certains d’entre nous  iront même jusqu’à redouter des jugements : « t’es pas gentil », « je t’aime plus ! ». Alors la culpabilité entre en jeu pour fausser notre « non » ou même nous empêcher de le dire voire  de se contredire face à l’insistance de nos enfants.

Mais ces mots -aussi durs soient-ils à entendre- ne sont eux aussi que des instantanés, loin des sentiments véritables et durables.

Choisir une éducation, n’est ce que pas un choix que nous faisons pour eux, en vue de leur bien-être et leur épanouissement ? Aussi, convaincus par le bien-fondé de nos choix, ne devons-nous pas affronter ces mots par amour pour eux et se rappeler qu’ils attendent un cadre de notre part ?

A l’heure donc de la positive attitude…

DIRE NON, plus encore que de marquer notre opposition à un instant T, affirme notre position de parents dans notre rôle éducatif. Il participe à  une démarche constructive army inflatable obstacle course. Croyons donc en nous, ne trahissons pas les choix faits en conscience pour nos enfants.  « Faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait » : tracer le chemin, l’expliquer, y accompagner nos enfants, fixer des limites. DIRE NON et la bienveillance ne s’opposent pas, il y a le fond et la forme, ils sont indissociables pour porter avec optimisme les valeurs que nous voulons leur transmettre !